La veille de notre passage en Roumanie, un couple rencontré sur le parking d'un supermarché nous invite à passer la nuit dans leur "ferme". Il s'avère que c'est un centre sanitaire pour le transport d'animaux... Nos mules auront droit à un contrôle en règle ! Ouf, tout va bien. La frontière le lendemain ne pose aucun problème, les douaniers nous photographient avec le sourire. Nous entrons en Roumanie, changeons de fuseau horaire, quittons l'espace Schengen... Nous traverserons le pays du nord au sud en longeant de plus ou moins loin la frontière ouest avec la Serbie. La première partie est très plate, avec de grands espaces cultivés. Nous essuyons quelques orages et campons beaucoup. Heureusement c'est assez facile, on a le droit de bivouaquer n'importe où, tant que ce n'est pas cultivé ou clôturé. Ici les clôtures sont rares, les troupeaux sont tous surveillés par des bergers. Et aux abords des villages il y a de grands espaces communs pour le pâturage, bon, souvent surexploités. Nous sommes parfois accueillis chez l'habitant mais ce n'est pas facile, les gens ont peu de terrain libre et pas de foin. Ici il n'y a pas de granges, le foin est stocké sous forme de meules traditionnelles. Nous préférons camper mais parfois une bonne douche, un repas chaud et une bonne recharge de nos appareils électroniques fait du bien ! Nous finissons par arriver au pied des Carpates, que nous commencions à voir se dessiner à l'horizon depuis quelques jours. Notre première expérience nous refroidit un peu. Chemins défoncés par les forestiers, qui se perdent et nous avec. Nous nous retrouvons à essayer de traverser un roncier géant en descente sous l'orage à la tombée de la nuit... On y arrivera juste ! Deux jours plus tard, nous croisons un balisage frais, la Via Transilvanica. Il s'avère qu'elle se termine pile où nous voulons aller ! Sauvés ! La traversée du reste des Carpates est magnifique, d'autant que le soleil est revenu et embrase les couleurs d'automne. Au sortir des Carpates nous retrouvons le Danube, qui matérialise ici la frontière avec la Bulgarie sur près de 500 km, mais avec seulement... 2 ponts ! Après de nombreuses tergiversations, nous décidons de passer sur le plus proche, le plus récent et le plus à l'ouest, même s'il nous fait faire un détour. Bien nous en a pris, la frontière est encore une fois une formalité avec sourires et photos, et nous traversons le pont de 2 km de long sur la voie piétonne heureusement assez large, bien séparée de la 4 voies. Nous traversons la Bulgarie en diagonale en direction du village où habite la sœur de Dominic et où nous nous arrêterons un peu. Nous longeons le Danube pendant quelques jours et gravissons progressivement les terrasses alluviales sculptées par le fleuve. Puis nous abordons de nouveau la montagne, le Grand Balkan qui coupe la Bulgarie d'ouest en est. Dans ce pays aussi nous campons beaucoup. Malgré l'avancement de la saison et la sécheresse qui a sévi cet été, nous trouvons toujours de l'herbe pour les mules. Elles restent bien en état et cela étonne beaucoup les locaux qui ne croient pas qu'on puisse les nourrir uniquement à l'herbe. Nous trouvons aussi parfois des "guest houses" où nous pouvons recharger nos batteries, dans tous les sens du terme ! En effet, depuis la fin des Carpates nous voyageons sans nos bâts, que nous retrouverons plus tard. Le matériel est réduit au minimum, ça n'est pas toujours facile avec nos sacs de couchage d'été et juste un tarp en guise de tente, mais cette légèreté est agréable, et nous permet de trotter un peu. C'est d'ailleurs à cette occasion que nous perdons une des Explora toutes neuves de Chaussette. Nous nous en sommes rendus compte assez vite, c'était sur une route, mais il a suffi qu'une voiture passe... Ici rien ne se perd, tout se récupère ! Le dernier jour avant d'arriver chez la sœur de Dominic nous perdons une Glove50 de Vicking de la même façon, dans un chemin boueux non loin de la route. Disparue malgré nos recherches ! Lors de cette partie du voyage nous chaussons les mules des 4 pieds pour éviter de porter les hipposandales. Mais très vite seules les 2 mules montées seront chaussées. On économise les chaussures et du temps ! Les crampons que nous avions ajoutés sur les chaussures renouvelées en Hongrie ont l'air de faire effet. Pour Horus par exemple, ses Glove50 postérieures ont un peu plus de 1400 km et sont encore en bon état. Les Glove50 de Cajou ont 2330 km (sans crampons) ! Elles sont maintenant bien percées en pince, cela a commencé il y a 250 km environ. Nous en sommes à 4700 km pieds nus et chaussés. Les postérieurs sont chaussés entre 24 et 48 % du temps selon la bête, et les antérieurs entre 44 et 59 % du temps. Depuis la Roumanie, les locaux remarquent tout de suite les hipposandales et cela les intrigue beaucoup. On sait même que quelqu'un voulait nous les voler une nuit. Par déconvenue il n'a pris "que" nos beaux licols en biothane sur mesure, directement sur les mules ! Cela a bouleversé notre hôte du jour qui est allé directement nous racheter des licols... locaux !
Les mules d'Anouk et Dominic, épisode 4
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